Géo-ingénierie solaire : enjeux géostratégiques et de défense

  • Marine de Guglielmo Weber

    Marine de Guglielmo Weber

    Ancien.ne chercheur.se à l'IRIS

  • Sofia Kabbej

    Sofia Kabbej

    Chercheuse associée à l’IRIS

  • Laura Hebbel Boutang

    Laura Hebbel Boutang

    Assistante de recherche à l’IRIS

Dans son 6e rapport d’évaluation, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) alerte sur la forte probabilité de dépassement du seuil d’augmentation de température de 1.5°C depuis la période préindustrielle d’ici la fin du siècle (GIEC, 2022, v.). La trajectoire d’émission de gaz à effet de serre (GES) actuelle, qui devrait nous mener à un dépassement de ce seuil avant 2030, se traduit déjà par une insécurité climatique extrêmement forte. En témoigne la multiplication des aléas météo-climatiques qui ont frappé tout autour du globe au cours de l’année 2023, poussant le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à déclarer : « L’effondrement climatique a commencé » (Libération, 2023, 6 septembre).

Cet échec de la communauté internationale à mettre en place des politiques efficaces et tangibles d’atténuation a suscité un regain d’intérêt pour le développement de « solutions », soit des réponses technologiques aux changements climatiques – à l’instar de la géo-ingénierie climatique : un ensemble de techniques devant permettre l’intervention à grande échelle sur le système climatique, dans le but d’atténuer les changements climatiques et/ou d’en réduire les effets. La géo-ingénierie s’articule autour de deux grandes familles, regroupant elles-mêmes des techniques et pratiques diversifiées : d’une part, l’extraction du CO2 présent dans l’atmosphère (« carbon dioxyde removal », ou CDR) et d’autre part, la modification du bilan radiatif, souvent assimilée à une modification du rayonnement solaire (« solar radiation management », ou SRM), cherchant à compenser l’augmentation de la température moyenne globale par une diminution du rayonnement absorbé par la Terre (GIEC, 2022, 168)…