Frontières et menaces transfrontalières au Sahel et en Afrique de l’Ouest : penser la menace terroriste dans l’espace

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  • Caroline Roussy

    Caroline Roussy

    Directrice de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Afrique/s

Longtemps les frontières des États africains n’ont pas été l’objet de politique de gestion dédiée. Empêtrés dans des idéologies qui se sont structurées durant la période coloniale, les gouvernants ont tardé à se réapproprier les frontières, pourtant limite et point de départ du territoire sur lequel ils exercent leur pouvoir. Il faut bien avouer que les frontières héritées de la colonisation ont mauvaise réputation. Leur tracé un peu au hasard sur une carte autour d’une table à Berlin, « le partage du gâteau africain », sont des images qui continuent de peupler les représentations africaines et européennes.

Sur le ton de la boutade mondaine, Lord Salisbury, Premier ministre britannique, n’avait-il pas asséné, au sujet de la délimitation des frontières en Afrique : « Nous avons entrepris de tracer des lignes sur les cartes de régions où l’homme blanc n’avait jamais mis le pied. Nous nous sommes distribué des montagnes, des rivières, des lacs, à peine gênés par cette petite difficulté que nous ne savions jamais exactement où se trouvaient ces montagnes, ces rivières et ces lacs »2. Dans cette assertion, accréditant la thèse de l’artificialité des frontières, où le mépris le dispute au cynisme, cette haute autorité érigeait l’ignorance au statut d’allégorie de la totipotence des colonisateurs dans une Afrique réduite à une stricte conception naturaliste, les populations autochtones étant balayées d’un revers de rhétorique. À poursuivre la métaphore de cette haute autorité de l’époque, l’Afrique, réduite à un simple jeu de cartes, aurait été « distribuée » selon le bon plaisir des acteurs européens, tandis que sa valeur nominale demeurait inconnue…

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