Bouddhisme et Politique en Birmanie, entre lutte et domination.

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La vision occidentale du bouddhisme attribue bien souvent à celui-ci un caractère pacifique qui ne correspond pas toujours à la réalité. Comme le souligne Bernard FAURE[1]: « cette vision du bouddhisme comme une forme de spiritualité non violente est proprement a-historique ». Le Bouddhisme, entendu comme religion, est composé d’une multitude de mouvements, de doctrines et son histoire riche et complexe laisse part à certains épisodes de violence. C’est ce que souligne François THUAL : comme toute religion, il est une composante de l’identité, inspire l’action politique et « participe donc directement à l’Histoire, et à sa violence»[2]. Il a été de facto la base de divers mouvements comme les moines Zen japonais ou contre les Tigres tamouls au Sri Lanka. Dans le cas de la Birmanie, notons le rôle joué par les moines au sein des mouvements indépendantistes, ou encore les saccages de mosquées survenus durant les violences de mars 1997[3].

Le cas Birman soulève néanmoins des interrogations plus profondes. En effet, plusieurs études relèvent les relations « symbiotiques » entre la hiérarchie bouddhiste (le Sangha) et la Junte au pouvoir depuis le 18 septembre 1988[4]. Les deux s’organisent de manière dyadique puisque les militaires de la junte reçoivent l’aide religieuse des moines du Sangha en échange de la construction de monuments bouddhistes, de dons particulièrement généreux et de droits particuliers. Mais en réalité il s’agit bien plutôt d’une relation de pouvoir : la Junte exerçant un contrôle serré sur les moines. Les événements de septembre 2007, dits de la « révolution safran », qui ont vu des milliers de moines protester surgissent donc comme une interrogation au cœur de cette relation. Certes, les protestations des moines ne sont pas un phénomène nouveau, de telles manifestations avaient déjà été observées lors du coup d’état de septembre 1988 et à diverses reprises durant les années 1990. Cependant, l’intensité de la répression, les violences continues ainsi que la surveillance dont font désormais l’objet les moines birmans distinguent ce mouvement des précédents. La «révolution safran» pourrait ainsi être un tournant dans les relations entre les moines et la junte militaire.

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