En finir avec l’humanitaire ?

  • Bertrand Brequeville

    Bertrand Brequeville

    Responsable desk chez Médecins du monde

Pouvons-nous, devons-nous en finir avec la notion d’humanitaire ? Ses plus ardents et plus sincères défenseurs répondront bien évidemment que ce n’est pas souhaitable, en tout cas pas tant que des enfants mourront de malnutrition aiguë sévère, pas tant que des individus, quels qu’ils soient, mourront de maladies pourtant curables, pas tant qu’il y aura des guerres, pas tant qu’il y aura des souffrances humaines, pas tant qu’il y aura de la misère… Mais n’y aurait-il que les humanitaires à vouloir que des êtres humains cessent de mourir de faim ou de maladie ?

Dans un précédent article, j’affirmais que l’humanitaire était en quelque sorte devenu le service après-vente du capitalisme. De par certaines facettes de ses origines mêmes, de par son vocabulaire, de par l’image qu’il véhicule et renvoie, de par certaines postures, de par le pragmatisme de ses dirigeants, de par les discours de ses spécialistes autoproclamés, l’humanitaire tel qu’il est aujourd’hui est malheureusement devenu une pièce maîtresse dans le maintien du système capitaliste. Et ce, au grand dam d’un nombre important de membres (adhérents, bénévoles, salariés…) et de sympathisants d’organisations dites humanitaires…

Dans la dynamique mondiale d’un nombre grandissant de mouvements sociaux et citoyens œuvrant pour une société post-capitaliste et post-étatique, l’humanitaire doit se renouveler voire être dépassé. La question est posée : faut-il en finir avec l’humanitaire tel que nous le connaissons aujourd’hui et si oui, comment ?