Notes / Observatoire géopolitique du religieux
28 octobre 2022
De l’hégémonie au « régime de tolérance » dans les relations islamo-chrétiennes : les enjeux du déplacement du pape à Bahreïn
En se rendant à Bahreïn, le pape confirme ce qui apparaît déjà comme un axe fort de son pontificat, à savoir le dialogue islamo-catholique. Ce n’est en effet pas la première fois que le chef de l’Église catholique se rend dans un pays musulman et depuis 2013, année de son élection, il a également multiplié les rencontres avec les responsables religieux musulmans, sunnites comme chiites. Cette politique du pape s’inscrit dans une double continuité : sur le moyen terme, dans le sillage d’une politique interreligieuse ouverte par le concile Vatican II (1962-1965) qui reconnaît les autres religions, dont l’islam, et légitime le dialogue avec elles ; sur le court terme, Jean-Paul II, puis Benoît XVI ont chacun dans leur style, et dans des configurations historiques différentes, donné des inflexions à cette nouvelle approche à l’égard de l’islam. L’actuel souverain pontife imprime également sa touche personnelle, en privilégiant à la fois des contacts personnels et rapprochés entre responsables religieux catholiques et musulmans, mais aussi par la signature de documents. Le dialogue islamocatholique est désormais intégré dans un jeu régulier de relations inscrivant ses participants dans une promotion et un appel à la liberté de religion, dans un processus qui n’est pas sans rappeler celui d’Helsinki. Historiquement, le Saint-Siège sera passé en plus d’un siècle d’une attitude hégémonique à l’égard des autres religions à un régime de tolérance, la notion de régime étant ici empruntée à S. Krasner. Nous rappellerons ici brièvement quelques-uns des traits les plus marquants de cette évolution.