Éditos de Pascal Boniface
4 mars 2014
Conflit Israël/Palestine : la lâche censure de mon livre par les éditions Robert Laffont
En octobre 2012, je reprends contact avec Nicole Lattès pour lui demander de récupérer les droits de "Est-il permis de critiquer Israël ?". Je trouvais que la problématique n’avait pas changé et qu’on pouvait le rééditer avec un nouveau chapitre introductif. Elle me répondit qu’il était nul besoin de trouver un autre éditeur et qu’elle était tout à fait partante pour une deuxième édition de ce livre.
Entre-temps, je reçois une lettre de Nicole Lattès m’indiquant qu’elle va quitter ses fonctions chez Robert Laffont. Le 14 octobre, j’essaie de joindre Pierre Dutilleul pour savoir s’il a bien reçu le texte remanié, s’il lui convient, et pour savoir où on en est pour le processus d’édition et confirmer la date de sortie. Il ne me rappelle pas. Je retente ma chance, son assistante me répond qu’il est très pris par les remaniements internes à la maison. Je comprends mais suis néanmoins étonné qu’il ne puisse pas prendre cinq minutes pour finaliser notre accord.
Au bout de plusieurs coups de fils – l’assistante de Pierre Dutilleul qui prend la succession de Nicole Lattès, me dit chaque fois qu’il va me rappeler dans la journée –, j’appelle Nicole Lattès. Elle est étonnée que je n’aie pas reçu de réponse. Elle me promet de s’en occuper, ce qui sera fait puisque le 24 octobre, alors que je chemine vers une soirée en hommage à Stéphane Hessel, Pierre Dutilleul appelle, s’excuse pour ne pas m’avoir rappelé plus tôt du fait des remaniements internes chez Robert Laffont. Puis il en vient au fait. Le comité de lecture a émis un avis négatif sur le livre, et il ne veut pas se mettre en porte-à-faux par souci de démocratie interne. Il m’assure que ce n’est pas le sujet du livre qui pose problème mais parce qu’il y a trop de chiffres dedans. Je n’en crois bien sûr pas un mot. Je suis surpris qu’un comité de lecture intervienne alors que l’ancienne et le futur responsable de Robert Laffont avait accepté le livre.
Cette lâche décision donne encore plus de poids à mon propos.
C’est en tous les cas symptomatique de l’existence de sujets tabous dans le monde de l’édition et d’une volonté de formater les esprits. S’il n’entre pas dans le cadre de la pensée commune, il vous faut prendre des chemins de traverse et renoncer à la voie royale des grandes maisons d’édition avec un grand service de presse et un accès aux médias centraux visibles. Démocratie, à condition d’entrer dans le moule.