Depuis sa publication mi-septembre, le rapport intitulé Les opération d’influence chinoises. Un moment machiavélien, co-signé par Paul Charon, directeur du domaine « Renseignement, anticipation et menaces hybrides » de l’IRSEM et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, directeur de l’IRSEM, a connu un fort retentissement médiatique.

Ce rapport met en cause l’IRIS et certains de ses chercheurs, singulièrement Pascal Boniface (directeur de l’IRIS) et Barthélemy Courmont (directeur de recherche), en les présentant sans fondement comme des sortes de répétiteurs en France des « éléments de langage véhiculés par l’ambassade de Chine ». Il jette ainsi le trouble sur l’image de l’IRIS en élaborant un récit selon lequel, à partir de quelques éléments factuels mobilisés de manière orientée, notre institut et ses chercheurs constitueraient en réalité une caisse de résonance volontaire, ou, pis encore, naïvement manipulée par Pékin. Cette représentation biaisée de nos activités constitue une mise en cause de notre indépendance et de notre intégrité. Celles-ci ne sont pas seulement les fondements de l’IRIS, mais au cœur de notre identité de chercheurs. Elles ne sauraient donc être remises en cause avec légèreté.

Sur le fond, Pascal Boniface et Barthélemy Courmont ont déjà précisément répondu à chaque assertion inscrite dans ce rapport et pointé ses manquements méthodologiques. Nous n’en reprendrons donc pas ici le contenu dont nous sommes entièrement solidaires. De même, nous ne rentrerons pas dans le débat des motivations des auteurs, mais comment ne pas s’étonner que l’IRIS soit singularisé dans ce document par rapport à d’autres think tanks qui eux n’y figurent pas ? Ajoutons simplement que nous décidons et maîtrisons souverainement et en conscience des termes, conditions et de l’exécution de chacune de nos activités, qui s’exercent toujours dans un esprit de débat démocratique et contradictoire.

Si nous réagissons aujourd’hui collectivement et publiquement c’est en raison de la publication à venir d’une nouvelle version du rapport en langue anglaise, c’est-à-dire à destination d’un lectorat international. Le préjudice en matière de réputation pour nos collègues cités, notre institut et, donc, pour nous-mêmes, n’en sera qu’amplifié. Les effets financiers ou partenariaux indirects sont, par ailleurs, impossibles à anticiper.

Cette regrettable situation nous amène à réaffirmer plusieurs choses. Nous, chercheuses et chercheurs de l’IRIS, sommes complètement indépendants intellectuellement et dans notre travail quotidien. Au sein de l’IRIS et de son équipe vit et coexiste une pluralité de parcours et d’opinions, et c’est cette diversité qui contribue à la richesse et au rayonnement de nos publications et de nos activités. Dans cet écosystème précieux, aucune ou aucun d’entre nous n’a jamais vu et ne verra jamais sa liberté d’analyse et d’expression frustrée ou muselée pour ne pas contrarier un partenaire ou un commanditaire, quel qu’il soit. Nous souhaitons ainsi rappeler notre attachement sans faille aux valeurs de diversité, de rigueur, de transparence et de dialogue. A ce titre, nous réaffirmons notre soutien et notre solidarité à Barthélémy Courmont, Pascal Boniface et à la direction de l’IRIS. Nous soutenons leurs démarches respectives, notamment pour le retrait des passages où leurs noms, leurs activités et celles de l’IRIS sont présentées de manière biaisée. Le récent ajout à l’étude (p. 315) ne modifie aucun des problèmes soulevés.

Nous réaffirmons enfin notre attachement, en tant que chercheurs et en tant que citoyens, à une vision du monde et des relations internationales dénuée de naïveté, mais également fondée sur le dialogue et l’ouverture à l’Autre. Nous considérons qu’il est de notre mission de contribuer à bâtir des ponts entre les peuples et de promouvoir une vision véritablement multilatérale du monde.

 

L’équipe des chercheurs permanents de l’IRIS :

Magali Chelpi-den Hamer, Chercheuse

Antoine Diacre, Coordinateur de la recherche

Carole Gomez, Directrice de recherche

Sofia Kabbej, Chercheuse

Pierre Laboué, Chercheur

Caroline Roussy, Chercheuse

Gaspard Schnitzler, Chercheur

Edouard Simon, Directeur de recherche

Julia Tasse, Chercheuse

Christophe Ventura, Directeur de recherche

Marc Verzeroli, Responsable d’édition