60 ans après la reconnaissance de la République populaire de Chine par la France, une relation franco-chinoise en recherche d’équilibre ?

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Rivalité sino-américaine, conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, influence de la Chine sur le continent africain, élections à Taiwan… cet anniversaire s’inscrit dans un contexte géopolitique instable. Alors que les rapports de force entre les deux pays ont changé, quel est l’état actuel de la coopération diplomatique, économique et culturelle entre la France et la Chine ?

Alors que l’anarchie semble être devenue la norme dans le monde, il est important de s’attacher à quelques dates anniversaires. Elles sont autant de repères. Celle de la reconnaissance de la République populaire de Chine en est une, mais il en est une autre qui sera célébrée en juin : le débarquement de Normandie. Ces dates donnent un cadre et de la respiration à un agenda international le plus souvent bousculé. Pour ce qui concerne la coopération franco-chinoise, elle est importante dans des domaines où la France excelle : aéronautique (songez que moyen-courrier chinois, le Comac 919, doit en grande partie son ingénierie à Safran et à Thalès…) avec la création d’une deuxième chaîne de montage d’Airbus à Tianjin, industries du luxe, agroalimentaire (ce dernier secteur exerçant une part encore insuffisante dans les échanges bilatéraux), éducation avec à Paris l’ouverture symbolique de la Maison de la ChineJardin de l’harmonie à la Cité universitaire (14e arrondissement), qui accueillera 300 étudiants sur le campus de la Cité universitaire. Toutefois, on le sait, cette relation est devenue asymétrique, car nettement déficitaire pour la  France, l’importation à très court terme des voitures BYD sur le territoire européen mettant au défi toute une partie de notre industrie automobile, par exemple.  La France, par souci d’équilibre, s’est davantage ouverte sur le plan économique à l’« autre » Chine : Taïwan. Dans ce contexte, elle accueillera dans la région de Dunkerque ProLogium, une usine très importante de batteries à électrolyte. Ce pragmatisme français dans le choix de ses partenaires corrobore une situation qui s’observe partout dans le monde : la poursuite des intérêts stratégiques des nations est le plus souvent aux antipodes de leurs intérêts économiques. Dans le cadre stratégique précisément, la France et la Chine maintiennent un dialogue qui est différent de celui de l’AUKUS et de Washington dont la posture, en revanche, est délibérément la recherche de la confrontation.

 

En quoi le développement de la relation bilatérale entre la France et la Chine s’inscrit-elle dans la stratégie française en Asie-Pacifique et quels en sont les enjeux ? Comment la relation sino-française est-elle susceptible d’évoluer à cet égard ?

L’innovation porte sur le dialogue stratégique entre le Théâtre Sud de l’Armée populaire de libération et le Commandement forces françaises en zone Asie Pacifique (ALPACI) afin de renforcer la coopération sécuritaire et régionale. Il faut y voir une logique inclusive vis-à-vis de la Chine. J’y vois aussi un revirement de la position française après le camouflet infligé par l’Australie, qui sous la pression de l’AUKUS a dénoncé la commande de sous-marins français. Par ailleurs, l’Indo-Pacifique comme le conçoivent les Français et les Européens n’exclue pas les partenariats économiques avec la Chine. C’est le principe du Global Gateway et pour la France une volonté d’établir une véritable coopération avec la Chine dans le domaine de la préservation de la biodiversité. Au reste, les deux pays s’engagent à poursuivre un haut niveau d’ambition dans la continuité de l’Appel de Pékin lancé en novembre 2019 et dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de son Accord de Paris ; ainsi que du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (dénommé ci-après « Cadre de Kunming-Montréal »), dont les deux parties saluent l’adoption lors de la deuxième partie de la Convention sur la diversité biologique (COP15). La Chine, assumant la présidence de la COP15 pour les deux ans à venir, entend travailler activement avec la France à la mise en œuvre totale et efficace du Cadre de Kunming-Montréal. En somme, la France souhaite conserver des relations coopératives avec la Chine, plus équilibrées, mais toutefois distancées vis-à-vis des choix stratégiques initiés par Washington à l’encontre de Pékin. Signe des temps : Xi Jinping doit effectuer une visite d’État en France dans les prochains mois.

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